« Destination finale, de notre dressing à l’océan » Par Isabelle Serro
Ces dernières années, l'Ouganda, la Tanzanie et le Rwanda, conscients des ravages environnementaux causés par l'importation massive de vêtements de seconde main en provenance d'Europe, de Chine et d'ailleurs, ont fermé
leurs portes à cette marée de textiles indésirables. Cependant, le Ghana, lui, persiste à accueillir quotidiennement plus de 160 tonnes de ces vêtements rejetés, devenus symboles des habitudes de consommation occidentales.
Kantamanto, le gigantesque marché aux fripes, situé au cœur du quartier d'affaires de la capitale ghanéenne, devient l'épicentre de cette influx massif. Majoritairement composés de vêtements usagés donnés à des associations caritatives en Europe et aux États-Unis, ces textiles reflètent l'essor de la fast fashion, où la durée de vie des vêtements diminue pour réduire les coûts de production et stimuler les ventes. L'émergence florissante des plateformes de vente de seconde main en ligne prolonge le cycle de vie du vêtement avant son arrivée à Kantamanto, censé lui offrir une seconde chance. Cependant, seuls environ 30 % de ces importations trouvent preneur ces dernières années, laissant 70 % jugés inexploitables contribuer à une catastrophe écologique sans précédent.
Chaque année, 50 milliards de tee-shirts sont jetés dans ce cycle effréné. On estime qu'au moins un sur huit terminera sa course dans les décharges ou sur les plages africaines, soulignant ainsi les conséquences dramatiques de cette surabondance de vêtements en fin de vie. Un témoignage poignant de l'impact dévastateur de la mode rapide sur l'environnement, avec le Ghana pris au cœur de cette tourmente écologique, économique et sociale.