EDITION 2019

Valerie Leonard

Black hell / Cambodia

 Née de parents américains et français, Valerie Leonard a baigné dans un monde d'images. Sa mère était peintre et son père, le photographe Herman Leonard connu pour ses photos de célébrités et de Jazz.

 

Il lui a transmis sa passion pour la photo, sa curiosité insatiable, son sens du cadre et de la lumière. Lorsqu’elle appuie sur le déclencheur, elle garde en mémoire sa doctrine :

« Toujours dire la Vérité, mais en termes de Beauté »

 

Tout au long de ses voyages à travers le monde, elle se concentre particulièrement sur sa thématique des « Travaux d’Hercule ». Une série de photographies où elle tente de montrer la noblesse et le courage de ceux qui vivent et travaillent dans des conditions difficiles.

 

« J’ai besoin de voyager seule pour privilégier les contacts humains. Je prends le temps de vivre avec les gens, de les connaître et d’être pleinement acceptée avant de commencer mon travail. »

 

Ses reportages ont été primés par le National Geographic Channel, Le festival de photojournalisme du Canada, le prix PX3 Paris, …

 

Elle a été exposée au 1er festival « Les femmes s’exposent » à Houlgate, Galerie NAG à Paris, Biennal Photo à Berlin, The Fence, Boston, Atlanta, …



Valerie Leonard - Black hell

Valérie Léonard  Black Hell festival photo moncoutant
Blue path

Dans l’Etat du Jharkhand, au nord-est de l’Inde, la vallée de Damodar est un enfer sur terre. Les mines de charbon à ciel ouvert y ont remplacé la forêt. Elles fonctionnent sans interruption depuis plus d’un siècle. L'extraction du « minerai noir », a détruit la faune, la flore et bouleversé la topographie. La plupart des arbres ne sont plus que des souches sèches et la pollution des nappes phréatiques empêche toute culture. Depuis plus de quatre-vingt ans, un immense feu souterrain brûle rejetant d'énormes quantités de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Tous les efforts pour l’éteindre ont été vains.

Dans l'hostilité suffocante de cet environnement une population misérable sacrifiée au développement économique de l’Inde, travaille et survit malgré les nombreuses maladies provoquées par l'atmosphère toxique. Les feux de charbon crachent d'énormes quantités de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Les personnes qui vivent dans la fumée et les vapeurs toxiques qui s’échappent constamment hors de terre ont une espérance de vie considérablement diminuée. Les plus chanceux sont employés par les compagnies minières. Pour un dollar par jour, des femmes et des hommes cassent le charbon qu'ils transportent dans des paniers d'osier à même leur tête pour charger les camions. Mais les plus nombreux, par milliers, avant l’aube, ramassent illégalement le charbon pour le vendre au marché noir. Auprès d'eux j'ai partagé cet enfer pendant plusieurs semaines. J'ai été profondément émue par leur courage et leur dignité.


Valerie Leonard - Cambodia

The frog hunter
The frog hunter

Seth a 14 ans c'est un chasseur de grenouilles. Tous les jours il part dans la jungle à la recherche de grosses grenouilles. Il plonge dans les étangs pour attraper de petites grenouilles dont il se sert pour appâter les plus grosses cachées dans les buissons. Ses parents sont fermiers et cultivent le riz. Ils n'ont pas les moyens d'acheter de la viande. Seth apporte quotidiennement à sa famille quelques grenouilles qui compenseront le manque de protéines.

 

On associe souvent le Cambodge à la splendeur archéologique des temples d'Angkor. Mais les vestiges d'une civilisation riche et prospère nous font oublier que ce pays a été profondément meurtri par le génocide des Khmers Rouges, et trente années de guerre. Le Cambodge est aujourd'hui l’un des pays les plus pauvres au monde : 35% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, 92% se situant en zone rurale. Ma thématique des "Travaux d'Hercule" a trouvé toute sa résonance dans les rizières du nord est.

Ici, la plupart des paysans ne possèdent pas de terrain mais ils font preuve d’une grande solidarité. Ils travaillent ensemble dans les champs des propriétaires terriens et partagent leur maigre salaire qui est constitué en général de quelques sacs de riz.

Malgré la fatigue et la dureté de leur tâche ils sont d’une humeur joyeuse et ne manquent pas une occasion de plaisanter. Ils m’imposaient de planter chaque jour le riz avec eux pendant une heure pour rire de ma maladresse.