Formée aux Arts-Plastiques à l’Université Paris I dans un premier temps, puis lauréate de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles en 2002, Pauline Daniel choisit de s’accaparer la
matière alimentaire et de l’explorer en tant que champ d'investigation plasticienne et engagée.
Inscrivant son travail artistique dans le monde du comestible, le travail de Pauline Daniel fait appel à notre inconscient collectif et culturel et à notre imaginaire. Poétique, engagé, emprunt
de fantaisie et parfois de féminisme, son univers intrigue, transporte et interroge le spectateur autour des questions contemporaines liées à l’alimentation.
L’exposition met en regard son travail avec celui de Gérard Niemetzky et sa série Mortelles Natures, photographies de l’invisible et de l’éphémère ainsi que du Festival International de la
Photographie Culinaire auquel elle participe régulièrement et qui lui a permis de faire naître des séries telles que Série noire en 2019 sur le thème de l’Audace ou Cosmogonie de l’œuf en 2013
sur le thème de l’œuf. Sont présentées également les séries Intérieurs (2015-2019), Cosmogonie de l’œuf (2013) et Nature Nue (2017).
Son travail a fait l'objet d'abondantes publications et lui a permis d'être lauréate de nombreux prix tel que le Grand Prix FIPC en 2019, le Foodprint Culinary photo Award en Belgique en 2019, le
Grand Prix Milano en 2015 ou Le Premier Prix Food de l'International Color Award en 2015.
En 2015, elle a été choisie en tant qu'artiste du Pavillon France et son travail a été exposé durant les 6 mois de l'Exposition Universelle de Milan 2015 sur le thème Nourrir la Planète.
Série réalisée pour et avec les Banques Alimentaires sur le thème de la "lutte contre le gaspillage"
La question du gaspillage alimentaire nous concerne tous et encore plus les photographes culinaires qui sont parfois amenés à gâcher de la nourriture et se retrouvent souvent les premiers
prescripteurs de la dictature du Beau.
Habituée à travailler avec le nec plus ultra du produit frais, l'artiste a souhaité que la série soit intégralement réalisée avec des produits abimés et considérés comme impropres à la
vente.
Les images sont construites en diptyque offrant les deux facettes possibles d'un même aliment; le coté brut puis sa version travaillée dévoilant son éclat intérieur. Cette activité de
valorisation est réalisée quotidiennement par les Banques Alimentaires qui sauvent de la destruction chaque année une quantité impressionnante de nourriture et leur offrent une seconde vie en les
redistribuant à des milliers de personnes fragilisées.
De même, nous pourrions tous essayer quotidiennement de révéler le coté sexy d'une poire ou d'un artichaut un peu terni.
La tyrannie des apparences est tellement trompeuse ! une fois épluchés et travaillés, les fruits et légumes noircis ou nécrosés se révèlent non seulement propres à la consommation mais même
dignes des plus beaux mets.
Avec son titre évocateur empruntant au registre de la séduction, la série pose la question de la dualité attirance / répulsion et propose un cheminement de pensée vers la notion de "Beau à
l'intérieur".