ÉDITION 2023

Marie-pierre DIETERLÉ - Mur du presbytère

Dans le secret des chefferies

Marie-Pierre Dieterlé est née au Cameroun de parents franco-suisse-allemands. Elle est la troisième génération en lien avec ce pays. Son histoire familiale singulière avec l'Afrique l'a profondément marquée et elle débute la photographie en retournant sur son lieu de naissance.

 

Depuis, elle y séjourne régulièrement notamment pour la réalisation d'un film documentaire de création. En mars 2022, elle réalise le reportage "Dans le secret des chefferies" pour le magazine Géo.
En France, elle s'engage dans des projets au long cours, reposant sur la confiance des personnes photographiées. Son regard vise toujours à valoriser la richesse et l'humanité individuelles plutôt que d'enfermer les sujets dans leurs conditions sociales.


En 2011, elle publie son premier livre "C'est quand demain ?" (Éditions Trans Photographic Press), aboutissement d'un travail de trois années auprès de femmes sans domicile.


De 2017 à 2020 elle photographie les derniers habitants de la cité Gagarine et sa démolition à Ivry-sur-Seine. Ce travail donne lieu à un livre-objet "Cité Gagarine 1961-2020" paru aux Éditions Loco en 2022.


En parallèle de ses projets photographiques personnels, elle collabore avec la presse française et européenne, les institutions et le monde associatif.




Marie-Pierre DIETERLÉ - Dans le secret des chefferies - Mur du presbytère

Festival photo de Moncoutant 2023
Marie-Pierre DIETERLÉ

Dans le secret des chefferies

Au Cameroun, la région des hautes terres de l'Ouest appelée aussi les Grassfields se répartit à l'Ouest et au Nord-Ouest du pays et se caractérise notamment par la présence d'une centaine de chefferies traditionnelles établies sur les hauts plateaux volcaniques, riches en savanes ou prairies d'altitude.


Berceau des deux ethnies Bamiléké et Bamoun, l'ouest Cameroun est réputé pour avoir conservé, malgré ses deux colonisations successives allemande puis française, ses arts et traditions populaires si spécifiques dont les chefferies et leurs rois sont les garants. Présentes dès le XIVème siècle, les chefferies bamilékés étaient des micro-états souverains avant la colonisation. En 1960, à l'indépendance, le gouvernement camerounais les reconnaît comme structures traditionnelles mais aussi comme organismes administratifs chargés d'assister l'État dans l'exercice de ses fonctions.


La chefferie est organisée autour de la figure puissante du roi, le « fo » qui jouit d’un pouvoir de droit semi-divin. Le chef est un descendant de la dynastie fondatrice du village. Mais ce pouvoir est contrôlé par l’existence de sociétés secrètes religieuses et guerrières, composées de notables. Les rois sont polygames, les reines vivent avec lui dans les quartiers des femmes situés de part et d'autre du palais royal. En plus de ses épouses, le roi hérite des femmes de son prédécesseur.


L'animisme a conservé tout son rôle et le culte des ancêtres est partie intégrante de la vie traditionnelle. Cette spiritualité plonge ses racines dans la cosmogonie africaine avec un Etre suprême, le « Si », énergie omnisciente dans la nature, et les ancêtres. Ces derniers forment la continuité de l'homme dans le monde des morts et peuvent agir sur le monde des vivants. D'où l'importance des rituels en leur faveur. Notamment l’accompagnement d’un défunt comprend plusieurs étapes : la veillée, l’enterrement proprement dit, puis les funérailles, manifestations festives qui se déroulent parfois plusieurs années après la mort. De nombreuses danses effectuées par les sociétés secrètes sont visibles à ces occasions.
Ce reportage a été réalisé en mars 2022 pour le magazine Géo.


Marie-Pierre Dieterlé